Article mis à jour le 26 juin 2024
Cela fait maintenant plus de 10 ans que le marché bio est en forte croissance en France. Et pourtant, le premier trimestre 2022 n’était pas au rendez-vous en termes de vente bio. Alors, cela sonne-il la fin de la consommation bio en France ?
SOMMAIRE
Un ralentissement de la vente des produits bio
Selon l’Agence Bio, le marché bio observe une baisse de 68 millions d’euros cette année en France.
Concernant les grandes et moyennes surfaces (GMS), comme Carrefour, NielsenIQ constate que, à cause de l’inflation, la hausse des prix enregistrée excède dorénavant les 6% sur un an pour 12 catégories de produits, dont le bio. Résultat : 8 français sur 10 surveillent leurs dépenses.
Nielsen IQ remarque aussi que le nombre moyen d’aliments bio en GMS (par magasin) a baissé de 5% passant de 523 début 2021 à 497 références début 2022.
Les magasins spécialisés, comme Naturalia, sont aussi concernés. En effet, Biotopia Insight prévoit un nouveau recul de 15% sur la moitié de l’année, comparé à la même période en 2021. Ainsi, les enseignes bio pâtissent d’un recul de la fréquentation, et d’une baisse du panier moyen.
Les raisons ? L’inflation, le prix, la création de nouveaux circuits de vente et de nouvelles propositions de produits alimentaires…
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Un changement de paradigme d’achat : le bio local et éthique
Bien que le marché soit en perte de vitesse, la volonté de consommer bio est, elle, bien ancrée dans les habitudes des français. D’ailleurs, les chiffres concernent principalement les GMS et les franchises spécialisées, sans réellement porter sur les autres circuits de vente.
En effet, il faut comprendre que la distribution du bio se fait de manière fragmentée. Ainsi, même si, selon l’Agence bio, les GMS vendent 70% des aliments, elles ne représentent que 50,2% des ventes du bio. Or, les chiffres 2021 du secteur bio par l’Agence bio montrent une forte augmentation de la vente directe par les producteurs, ainsi que la vente par circuits courts. Aujourd’hui, ces acteurs vendent plus de bio que les GMS ou les magasins spécialisés. De fait, on observe un retour en force du bio local.
Autre constat encourageant : le boom de la vente en vrac, grâce à la volonté des consommateurs de réduire leurs déchets. Selon une étude de l’ADEM, aujourd’hui, 88% des enseignes spécialisées vendent des produits en vrac, comme 83% des GMS.
Autre preuve que le marché bio ne disparaît pas mais évolue avec les souhaits des consommateurs : la hausse des ventes du commerce équitable (11% en 2022). Les français veulent davantage soutenir l’agriculture biologique (Source : association Commerce Équitable France).
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La cosmétique et les compléments alimentaires bio, des marchés épargnés pour le moment ?
Si le secteur alimentaire connaît un ralentissement, les marchés de la cosmétique et des compléments alimentaires bio tirent leur épingle du jeu.
Une stabilisation des ventes de cosmétiques BIO
Aujourd’hui, il existe plus de 15 000 produits cosmétiques bio. Selon NatExpo, en 2021, la cosmétique bio a embauché plus d’1,7 millions d’acheteurs sur le marché en France. Selon Cosmébio, les ventes de cosmétiques bio restent stables en 2022. Cette année, 85% de la population française a acheté des produits bio et plus précisément 51% se sont tournés vers la cosmétique et l’hygiène bio. Par ailleurs, les cosmétiques solides, comme le dentifrice, le déodorant ou le shampoing, semblent avoir le vent en poupe.
Alors, comment expliquer ce phénomène ? Selon NatExpo ce serait, d’une part, grâce à l’essor des marques historiques, mais surtout, à l’explosion de nouvelles propositions des enseignes conventionnelles et l’émergence de nouveaux acteurs bio. En effet, beaucoup de marques aujourd’hui investissent afin de proposer des produits plus adaptés à la demande de simplicité d’usage et de zéro déchets des consommateurs.
Selon le Baromètre annuel de la perception des produits bio, la cosmétique bio pourrait constituer 8,5% du marché cosmétique en 2023.
Les ventes de compléments alimentaires BIO en progression
Concernant les compléments alimentaires bio, selon Synadiet, les ventes se portent plutôt bien en pharmacie en 2022. Par exemple, on voit une croissance de l’ordre de 69% sur le segment Voies respiratoires et de 38% sur la Santé de la femme (IQVIA, CAM Août 2022, K€).
Le marché des compléments alimentaires Bio – tout comme le marché global – continue d’être très dynamique en 2022. Les consommateurs cherchent de plus en plus de solutions naturelles dans tous les domaines pour répondre à leurs besoins (digestion, detox, sommeil, immunité, ORL etc.) L’émergence des gummies est une tendance majeure de ces dernières années, qui a permis aux marques de toucher des nouveaux consommateurs avec une galénique plus ludique. Chez Santarome Bio, nous avons innové en développant la première gamme de gummies 100% bio du marché : nous avons désormais 14 références qui couvrent la plupart des thématiques du marché. Il s’agit pour nous d’une nouvelle galénique de complément alimentaire, comme les ampoules, les gélules et les comprimés.
Benjamin Boutboul, Directeur Marketing & Digital chez Santarome BIO
Quelles perspectives pour la consommation bio ?
Selon les études sur le sujet, plusieurs scénarios sont envisagés. Certaines craignent pour la pérennité du marché bio, lorsque d’autres se montrent plus optimistes, parlant simplement de “crise passagère”. C’est le cas de l’Agence bio, montrant notamment que la consommation exclusive d’aliments bio tend à augmenter, avec 20% des français consommant 100% bio en 2022, contre 12% en 2018. Toujours selon l’Agence Bio, en 2022, l’alimentation, les cosmétiques et les produits ménagers font partie des priorités d’achat, pour 80% de la population.
Ces chiffres doivent, cependant, être pondérés du fait de l’actualité. En effet, l’inflation et la guerre en Ukraine pourraient impacter et ralentir durablement la croissance du marché bio.