Article mis à jour le 17 juin 2024
Le 16 mars 2020 l’annonce tombe. En raison de l’augmentation du nombre de contaminations par la Covid-19, la France entre dans une période de confinement. Les déplacements sont limités et des mesures sanitaires sont prises, dont la fermeture des restaurants, des bars, et des écoles. Face à cette situation, les Français ont adapté leur manière de consommer.
Cette crise du Covid-19 a permis de remettre les questions alimentaires au centre des préoccupations. Mais quel a été l’impact sur les habitudes alimentaires des Français ? Sont-ils prêts à avoir une alimentation saine ? Quelles sont leurs résolutions pour l’après ?
SOMMAIRE
Comment les Français ont-ils consommé durant le confinement ?
Des Français apprentis cuisinier
La fermeture des cantines, le télétravail et le chômage partiel nous ont permis de reprendre goût à la cuisine. Durant ce huis clos contraint, la cuisine fut une des occupations principales des foyers français. Selon une enquête menée par Oxada-CGI pour France info et France Bleu, 29 % des personnes interrogées ont cité la cuisine comme principale distraction. Cette tendance s’est également faite ressentir sur internet et dans les émissions télévisées, où les recettes maisons ont fait leur apparition en masse. De plus, certains produits de première nécessité ont été marqués par de fréquentes ruptures de stock (farine, œufs, levure, …). Selon YouGov, 63 % des Français ont déploré le manque permanent de farine, témoignage d’un retour de grande ampleur aux fourneaux.
Le Bio a la cote
Parmi les changements de consommation, une augmentation de la consommation de produits Bio a été constatée. Dans les magasins d’alimentation biologique « la valeur du panier moyen y a augmenté de 48 %, passant d’environ 40 à 59 euros depuis la mi-mars » affirme Alexandre Fantuz, directeur marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio.
L’attraction pour le Bio se fait également ressentir dans les hypers, supers et magasins de proximité. Une hausse de 63 % des ventes a été observée par rapport à la même période en 2019.
Selon Antoine Lecoq, consultant analytique chez Nielsen, les raisons de ce phénomène sont multiples : « Tout d’abord les produits bio, perçus comme plus naturels que les autres, restent recherchés par les consommateurs, surtout dans une période de doute.[…] Ensuite, en moyenne, et même s’il peut y avoir des différences d’une catégorie de produits à l’autre, le bio est un peu moins “rupturiste” que le conventionnel, ce qui signifie que quand les rayons sont vides, il y a plus de chances de pouvoir encore trouver des produits bio en rayon. Enfin, le recentrage sur le commerce en ligne ou de proximité, où le poids du bio est structurellement plus important, joue mécaniquement en faveur de la croissance de ces produits »
Vers une alimentation locale et solidaire
Depuis le début du confinement les circuits courts prospèrent. L’initiative « La Ruche Qui Dit Oui », mettant en relation les producteurs locaux et les consommateurs, a vu son nombre de commandes tripler partout en France ces derniers mois. En effet, depuis le 17 mars, elle a enregistré 30 000 nouveaux clients qui se tournent vers une alimentation plus saine. Une récente enquête menée durant le confinement par la Ruche révèle que la première raison à 57 % qui pousse les nouveaux membres à adhérer à la ruche, est de soutenir les producteurs locaux. Ensuite, 38,3 % d’entre eux souhaitent consommer des produits plus sains et 34,3 % veulent découvrir de nouvelles saveurs.
Enfin, les offres de nombreux producteurs proposant la vente de leurs produits en direct ou via des plateformes internet : “Bienvenue à la ferme”, “Acheter à la source”, “Bio et local”… se sont multipliées.
Cet élan de solidarité et cette envie de mieux manger, qui se sont imposés, semblent en bonne voie pour perdurer après le confinement.
Une alimentation plus saine après le confinement ?
De bonnes intentions en matière d’alimentation
Le confinement a impacté la manière de s’alimenter des Français. Une certaine prise de conscience de l’impact de l’alimentation sur la santé et sur la planète semble avoir émergé.
Après le 11 mai, manger plus sain et équilibré semble être envisagé par 56 % des Français selon un sondage de l’Ifop pour Darwin Nutrition.
Une alimentation plus saine qui pour certains est aussi synonyme de consommation de produits issus de l’agriculture biologique. La période du confinement a accéléré l’essor du Bio qui ne semblerait ne pas s’atténuer après le 11 mai. En, effet, 18% des français souhaitent continuer à consommer davantage de produits bio qu’avant la pandémie.
Cette crise aura permis de faire émerger un afflux de solidarité mais également de sensibiliser la population au respect de la planète, notamment par l’impact de l’alimentation sur notre environnement. En effet, une étude d’Harris Interactive/Observatoire Cetelem démontre que les Français veulent un mode de vie plus responsable ce qui signifie pour 83% d’entre eux favorisent le made in France. Manger local semble donc rester au cœur des dynamiques de consommation.
Enfin une enquête menée par PwC France relate qu’à la fin du confinement 62% des Français se tourneront vers des commerçants ayant souffert ou œuvrés positivement pendant le confinement. Un soutien marqué par de nombreuses initiatives notamment sur internet où des sites comme « Soutien commerçants artisans » permettent aux consommateurs de venir en aide aux commerçants pour sortir de la crise en leur commandant des bons de consommation valables après le confinement.
« Cette période de confinement a accéléré le phénomène bio et le fort intérêt des Français pour la production locale, saine et de qualité, tendances prégnantes dans les habitudes de consommation ces dernières années. Les marques et les distributeurs sont donc encouragés à travailler sur la transparence de la composition de leurs produits et la relocalisation de leur approvisionnement. Au-delà, les enseignes qui sauront le mieux tirer leur épingle du jeu seront celles qui sauront renforcer leur rôle social et sociétal », souligne Pascal Ansart, Associé au sein de Strategy& l’entité de conseil en stratégie de PwC.
La crise économique : une réelle inquiétude
Malgré les engagements des Français pour une alimentation plus saine, la crise économique causée par le Covid-19 continue à susciter leurs inquiétudes. Alors de quel côté penchera la balance pour le consommateur dans les jours qui viennent ? Pouvoir d’achat ou santé ? Même si une partie d’entre eux se qualifie épargné du point de vue économique, les pertes de salaires potentielles soucient une bonne partie de la population, davantage que sa propre santé.
Selon Nielsen, 82% des foyers surveillent leurs dépensent depuis le début de la crise et 46% pensent que leur situation économique sera dégradée à 1 an. D’autant plus que post confinement, le prix d’achat est un critère fondamental pour 43% des consommateurs. De ce fait, nous pouvons donc nous demander si la recherche du prix bas ne viendra pas affecter les résolutions en faveur d’une alimentation biologique, et celle plus saine, riche en fruits et légumes.
Sources :
https://positivr.fr/la-ruche-qui-dit-oui-boom-circuits-courts-coronavirus/
https://www.nielsen.com/fr/fr/insights/article/2020/covid-19-vers-une-france-a-2-vitesses/