Article mis à jour le 17 juin 2024
Le Nutri-Score représente un système d’étiquetage nutritionnel instauré en France depuis 2017. Cette barre de lettres colorée a été conçue pour permettre au consommateur de connaître la qualité nutritionnelle d’un produit par une lecture facile et rapide et l’aider à faire le bon achat pour sa santé. En effet, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à revendiquer un avis éclairé sur la nourriture qu’ils achètent. C’est également un moyen d’inciter les industriels à améliorer la qualité de fabrication des produits. Malgré un effort de transparence et de clarté sur les emballages alimentaires, les étiquettes nutritionnelles sont encore jugées complexes à déchiffrer. En 2019, une enquête Opinion Ways révèle que près d’un Français sur 2 considère que les informations affichées sur les étiquettes manquent de fiabilité. Nous décortiquons ici les coulisses du Nutri-Score, désormais bien identifié, en développant en toute transparence ses avantages et ses limites.
SOMMAIRE
Que veut dire Nutri-score ?
Le Nutri-Score correspond à une notation sous la forme d’une lettre allant de A à E, chacune étant associée à une couleur. Cet indice offre des informations sur la valeur nutritionnelle des aliments transformés et des boissons, et résulte d’une classification selon divers critères jugés favorables à une bonne santé. Le logo est apposé sur la face avant de l’emballage pour apparaître visuellement en un coup d’œil.
Le concept visuel repose sur un dégradé de couleurs en 5 niveaux qui rappelle le principe des feux tricolores. Ainsi, le vert foncé, associé à la lettre A, illustre une excellente qualité nutritionnelle. Au fur et à mesure du dégradé, qui va du vert au rouge, le produit est à limiter dans l’assiette ou à consommer avec une grande modération.
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Depuis quand le Nutri-Score existe-t-il ?
Suite à la nouvelle loi Santé, adoptée en janvier 2016, l’agence nationale Santé Publique France (1) a été missionnée pour créer un système d’étiquetage nutritionnel accessible au consommateur et aboutir à un affichage de référence au sein des rayons des supermarchés et des commerces. À l’issue de ce travail, le Nutri-Score est apparu progressivement en France à partir de 2017.
Le Nutri-Score est également validé par 6 autres pays engagés (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse, Espagne). La diffusion du logo est régie par une gouvernance transnationale. Étant donné la commercialisation de denrées alimentaires à l’échelle européenne, un système de coordination permet d’harmoniser et de faciliter l’étiquetage nutritionnel tout en déployant le dispositif au sein des nations concernées.
Pourquoi le Nutri-Score a-t-il été créé ?
Le but du Nutri-Score est de participer à la volonté des institutions de santé publique de lutter contre l’obésité. En effet, le PNNS (Programme National Nutrition Santé) vise à réduire le surpoids et l’obésité chez les adultes comme chez les plus jeunes.
Le consommateur doit être sensibilisé et orienté vers l’achat de produits plus sains et favorables à sa santé. Pour en être pleinement acteur, il doit prendre conscience de l’importance de la composition des aliments qu’il achète et consomme, notamment ceux contenant des quantités importantes de sucre, de sel et de graisses saturées.
Pour cela, l’éducation des consommateurs à la mise en place d’une alimentation équilibrée dans leur quotidien prend tout son sens avec le Nutri-Score. L’idée consiste à ne pas le décourager à la lecture d’une étiquette parfois chargée et peu lisible, mais plutôt de l’informer rapidement de la qualité d’un produit par le biais d’un logo simple et visuellement lisible.
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Comment est calculé le Nutri-Score ?
L’établissement du Nutri-Score de chaque produit s’est inspiré des travaux des équipes du Pr Serge Hercberg, spécialiste de la nutrition, qui ont défini cet indice en utilisant un système de cotation par points. Concrètement, par le biais d’une méthode de calcul basée sur la déclaration nutritionnelle, l’analyse porte sur une quantité de 100 g ou 100 ml de produit, en intégrant la teneur en nutriments à limiter ou à favoriser.
Les critères pris en compte favorablement concernent la présence de fibres, de fruits et légumes, de protéines, de légumineuses, de fruits à coque. En revanche, les acides gras saturés, le sucre ou le sel en excès et, de manière générale, les aliments trop caloriques, figurent dans la liste des mauvais élèves et sont pénalisés. L’application de ces critères repose sur l’utilisation d’un algorithme. Le total des points oscille entre -15 et + 40, le score le plus négatif permettant d’obtenir la plus haute distinction (A).
Précision importante, le calcul s’effectue sur le produit tel qu’il est vendu. Il ne tient donc pas compte, par exemple, des modalités de cuisson avant de le consommer.
Comment choisir ses produits avec le Nutri-Score ?
Le Nutri-Score permet de sélectionner des produits de meilleure qualité nutritionnelle parmi un ensemble souvent très vaste dans les rayons de la grande distribution.
Plusieurs possibilités s’offrent aux consommateurs. Ils peuvent comparer plusieurs produits d’un même rayon (comparer des cordons bleus pour savoir lequel contient le moins de matières grasses et de sel, par exemple). Un autre usage peut consister à confronter des denrées qui se consomment à la même occasion, par exemple 2 types de desserts (crème dessert versus yaourt ou mousse au chocolat) puis faire un choix sur le dessert avec le meilleur Nutri-Score.
En revanche, le Nutri-Score n’intègre pas l’origine biologique. Il ne se substitue pas non plus à la lecture de l’étiquette pour obtenir plus de détails sur la composition. Pour ce dernier aspect, des applications mobiles ont été créées, comme Yuka, Scan Up ou Kwalito, pour aider à l’analyse de ces données souvent indigestes.
Quelles sont les incohérences du Nutri-Score ?
Les limites d’un outil qui oublie certains paramètres
La volonté d’informer le consommateur de manière rapide et lisible est une initiative louable.
D’ailleurs, selon Santé Publique France, ce logo est jugé pertinent par 91% des Français (2).
Cependant, le regard plus aiguisé des professionnels de la nutrition nuance cet enthousiasme en raison d’une approche quelque peu réductrice de l’alimentation santé. Des aberrations concernent certains produits dont l’excellent Nutri-Score peut inciter les consommateurs à l’achat alors qu’ils sont plutôt néfastes à la santé.
Les méthodes de calcul du Nutri-Score ne prennent pas en compte plusieurs données pourtant essentielles :
- le degré de transformation des aliments et la toxicité suite à cette transformation
- la quantité consommée
- la fréquence de consommation
- la présence de pesticides, d’édulcorants, d’allergènes ou d’additifs
Concernant la transformation, il existe une classification, appelée NOVA, qui assigne les aliments en 4 catégories, le groupe 1 étant celui des aliments non ou très peu transformés.
Les frites, les huiles et le fromage
Pour illustrer les propos précédents, les frites ont un Nutri-Score A, là où l’huile d’olive affichait initialement un Nutri-Score D (jusqu’en 2019, puis elle a été reclassée en C). Cette différence contre-intuitive repose sur le fait que le Nutri-Score ne se préoccupe pas du mode de préparation prévu à la maison (friture, ajout de sel, de sucre…).
De plus, concernant les huiles végétales, elles ont toutes un score peu qualitatif en raison de la teneur en matières grasses, qui est un critère à charge. Cependant, toutes ces huiles ne se valent pas. Les connaissances en matière d’alimentation et de nutrition nous enseignent qu’une grande partie de la population souffre d’un manque d’apports en acides gras polyinsaturés (omégas 6 et omégas 3). Certaines huiles en sont riches (huile de noix, de colza…). Le Nutri-Score ne distingue pas ces différences alors qu’il faudrait inciter les Français à recourir plus volontiers à ces huiles intéressantes.
Certaines préparations fromagères industrielles allégées en matières grasses et riches en additifs (donc ultra-transformées) vont obtenir un meilleur score qu’un vrai fromage local, d’origine bien plus artisanale, qui lui, sera pénalisé d’un score D ou E pour sa teneur excessive en matières grasses.
Le cas du sucre
Sur la question du sucre, l’écueil du Nutri-Score réside dans le fait que seul le sucre dans sa forme pure est considéré comme mauvais. Or, les édulcorants n’ont pas meilleure presse pour la santé. Certains industriels ont bien compris la subtilité et ne se gênent pas pour faire réviser le Nutri-Score après un changement de recette grâce à cette « astuce » qui finit par duper le consommateur.
Résultat, certains sodas peuvent obtenir une excellente note alors que leur consommation doit être limitée. C’est ainsi qu’une boisson au goût sucré, riche en édulcorant mais sans aucun intérêt nutritionnel (on parle de calories vides), va pouvoir être classée B… ce qui donne une illusion de bonne qualité nutritionnelle à un acheteur alors que ce n’est pas le cas.
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Pourquoi certains produits n’ont pas de Nutri-Score ?
À ce jour, les herbes aromatiques, le thé, le café, les fruits et légumes ou les produits non transformés, ne sont pas concernés par le Nutri-Score, de même que les boissons alcoolisées.
Il faut également rappeler que la validation d’un Nutri-Score n’a pas été imposée aux industriels et n’est donc pas obligatoire. Nombre d’entre eux s’y sont d’ailleurs fortement opposés avant l’application du logo. Les fabricants décident de l’ajouter ou pas (une célèbre marque de pâte à tartiner n’en a pas…). Néanmoins, de nombreuses marques et distributeurs jouent désormais le jeu dans le cadre d’une démarche volontaire.
C’est là que cette mesure de libre choix devient problématique aux yeux de certains. Des associations de consommateurs tentent aujourd’hui de rendre le Nutri-Score obligatoire pour toute entreprise du secteur alimentaire qui fabrique des aliments issus d’une transformation.
Bon à savoir également, le site internet d’Open Food Facts, projet coopératif impulsé par des bénévoles, calcule le Nutri-Score pour les produits présents dans sa base de données même si le fabricant a choisi de ne pas utiliser le dispositif.
Quelles sont les évolutions attendues pour 2023 ?
Une révision pour améliorer le Nutri-Score
En 2021, l’Observatoire de la qualité de l’alimentation (Oqali) a rédigé un rapport dans le but d’établir un bilan 4 ans après l’instauration du Nutri-Score.
Prenant la mesure de toutes les remarques et incohérences, le comité scientifique a étudié les possibilités d’évolution du Nutri-Score pour une meilleure efficacité sur la santé, en adéquation avec les recommandations alimentaires.
Des travaux de révision de l’algorithme ont donc été engagés, appuyés sur l’analyse et les preuves des publications scientifiques parues sur le sujet. L’objectif est d’identifier et de prioriser les domaines d’évolution sur une base consensuelle.
La mise à jour des algorithmes a été proposée puis adoptée par la gouvernance transnationale du Nutri-Score en juillet 2022 (3). Cette adaptation devrait être effective courant 2023, avec un délai de 2 ans ans pour effectuer la mise en conformité et pour accompagner les opérateurs industriels.
Quelques exemples concrets de changements à venir
Parmi les changements attendus, la sévérité de notation va être renforcée pour le sucre et le sel. Ainsi, les céréales du petit-déjeuner (qui contiennent bien souvent plus de sucre que de céréales…) ne pourront plus être classées A. Les plats préparés n’obtiendront plus un score mieux que C, tout comme les pizzas industrielles.
Le pain complet sera reconnu et valorisé par rapport au pain blanc. Il en va de même pour les pâtes et autres aliments non raffinés. La viande rouge devrait être pénalisée. Les huiles riches en omégas 6 et omégas 3 seront récompensées par rapport à leurs consoeurs.
Cependant, les changements attendus ne pourront pas régler la totalité des incohérences rencontrées dans la notation de certains aliments ultra-transformés tant que d’autres paramètres ne seront pas pris en considération.
Alors que la préoccupation de nombreux Français vis-à-vis du contenu et de la qualité de leur assiette croît, la création du Nutri-Score est un indicateur qui se montre pertinent pour de nombreux produits. Cependant, des axes d’amélioration doivent se mettre en place pour plus de clairvoyance sans induire de biais de positivité. Un indice erroné nuit à la juste information du consommateur. Au regard des nombreux critères à prendre en compte pour avoir la garantie d’un produit bon pour la santé, il n’est de toute façon pas possible qu’un indicateur unique puisse résumer en une lettre sa qualité nutritionnelle.
Sources :
- Nutri-Score. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/articles/nutri-score
- Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2018/91-des-francais-sont-favorables-a-ce-que-le-logo-nutri-score-soit-present-sur-les-emballages-des-produits-alimentaires
- Le Nutri-Score en cinq questions. Disponible sur: https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/286134-le-nutri-score-en-cinq-questions